mardi 20 avril 2010

Retour au Québec

Mardi, le 20 avril

Déjà terminée, cette incursion sur le sol burkinabè. Et c’est donc mon dernier petit mot, destiné surtout à mes collègues et amis restés sur place.





Pas facile, les retours. Aussi déchirants que les départs. D'un
côté, on est content de revoir nos amis et nos familles en plus de retrouver un certain confort accompagné toutefois d’un fort sentiment de culpabilité. Comme nous vivons dans l’opulence ici, alors que nous pensions mener une petite vie toute simple dans notre cabane à la campagne !

La nature est belle malgré l’absence de feuilles aux arbres, des petits bourgeons commencent à poindre. L’air est sain, vivifiant, frais. On respire à plein poumons. Puis-je avouer que je ne m’ennuie pas de la poussière, de la mosquée et de la chaleur de Ouaga ?

De l’autre côté, nous avons laissé tout un monde combien attachant et dont nous allons nous souvenir longtemps. D’ailleurs, j’espère que les liens vont se maintenir et rien de mieux que les courriels pour les conserver.

Des liens avec les autres volontaires d’abord et plus particulièrement ceux de Ouaga. Comment ne pas s’ennuyer de toutes nos conversations philosophiques avec notre amie et voisine Michelle. On n’était pas toujours d’accord mais on respectait nos opinions réciproques. Et surtout, on s’épaulait dans nos difficultés partagées. Et nos bières au maquis tout près avec Titki et Richard qui s’est joint à la toute fin. Salut à vous tous ainsi qu’à Amina (la proprio du maquis) et à son plus fidèle client Bistouri (médecin pédiatre) et les voisins avec qui nous échangions régulièrement. A votre santé !

Bonjour spécial à Nathalie, qu’on voyait au moins une fois par semaine, surtout au CCF mais aussi dans des petits restos. Félicitations pour ton intégration réussie dans la société ouagalaise. Tes blogs sont toujours un plaisir à lire.

Bonjour à tous les autres que j’aurais aimé côtoyer plus souvent mais les quelques rencontres ont toujours été bien agréables. Et là, je pense surtout à Léopold, à Jolyane, à Danielle, à Gabrielle, à ses deux belles grandes filles et à Absa. Bonne continuation à tous.

Je n’oublie pas les amis de Bobo. La distance empêchait que l’on se voit mais les quelques contacts qu’on a eu ont toujours été chaleureux. Salut Ève, Simon, Jérémie, Maïka, Manu et Abrahim. Continuez votre belle œuvre et vos messages de sensibilisation. C’est essentiel pour changer les choses. Salut également, Gabriel, France et Rachid. Bonne intégration à Helen qui vient tout juste d’arriver.
Salutations spéciales à l’équipe VSO sur le terrain, et je pense à Amina, à Gervais à Ousmane, à Akpe, à Valérie, à Bouba. Merci pour votre soutien et votre dynamisme.

Et je garde pour la fin mes salutations à l’UFROAT et à son équipe. Surtout Laetitia avec qui j’ai partagé toutes mes journées durant ces trois mois et développé de solides liens d’amitié, Thérèse, la présidente si attachante et qui partage son temps entre son atelier de confection de linge en coton biologique et le bureau de l’UFROAT où elle est constamment sollicitée. Et je veux également saluer toute cette famille autour du bureau avec qui j’ai partagé de très beaux moments, principalement à l’heure du repas du midi. Je vous salue donc, M. Sanou, M. Ilboudou, Ouomou, Hamadou, Ousmane et tous les autres qui nous visitaient régulièrement. Vous m'avez donné de belles leçons de vie et j'espère bien que nous routes vont se croiser à nouveau. Entretemps, je compte sur Laetitia pour me donner des nouvelles de vous.


C’est avec une grande émotion que je pense à vous tous pendant que, Pierre et moi on effectue les travaux de fin de saison à la cabane à sucre familiale.


Ce n’est pas un adieu car j’espère tous vous revoir un jour. C’est donc un au revoir, de ma part et de celle de Pierre !
Amitiés à tous.













jeudi 8 avril 2010

Dernier mot du FASO

Mercredi, le 7 avril

Séjour à Banfora

Pendant que j’avais une famille qui s’éclatait devant un repas de cabane à sucre pour cette dernière journée de samedi avant Pâques à faire du sirop d’érable, à 28º et en plein soleil, nous partions pour une découverte du Burkina pendant le congé pascal. À 400 km de la capitale, Banfora est l’un des endroits touristiques du pays où la végétation est plus abondante et où il est sensé faire un peu plus frais. En fait, c’est plus humide mais pas nécessairement plus confortables. Nous avons logé à l’hôtel « les Rôniers » en pensant nous passer de climatisation puisque ça fait déjà trois mois que nous le supportons. Mauvais choix, ces deux nuits ont été fort éprouvantes. Heureusement que nos journées ont été à la mesure de nos attentes. Comme nous avions apporté nos
vélos, nous sommes allés à la découverte des sites intéressants et populaires des environs.

Escortés de nos amies et de notre guide Yaya qui étaient à moto, nous avons sillonné la campagne, traversé des champs de canne à sucre, escaladé les dômes de Fabédougou, des falaises de calcaire dont chaque pic évoque une forme familière : des oiseaux, des singes, des tortues. Il semble que le lieu soit un site de sacrifices pour les animistes. Mais nous n’avons rien vu de tout ça et avons continué à pied sur une distance de 2km pour arriver aux chutes de Karfiguéla. Pas très impressionnantes en saison sèche mais combien rafraîchissantes quand nous y sommes plongé, tout habillés. Une belle expérience car, tout au long du retour, nous av
ions cette sensation de fraîcheur sur le corps causée par nos vêtement qui séchaient. C’était une journée particulièrement chaude pour faire du vélo !

Le lendemain matin, nous sommes allés au lac de Tengrela, toujours en vélo. Nous n’avons pas vu les hippopotames que Michelle et Nathalie avaient vus la veille car nous n’avons pas fait la balade en pirogue. Par contre, longer cette petite étendue d’eau bordée par des champs en culture et des forêts de manguiers dont les fruits sont prêts à être dégustés, un grand bonheur.

Sur le chemin du retour, nous avons décidé de passer une nuit à Bobo Dioulasso et organisé à la dernière minute une rencontre avec les volontaires VSO de la place. Belle soirée dans un resto sympathique de la ville, « Le Mande », une façon pour nous de saluer nos collègues de l’endroit avant notre départ du pays.

Fête des Tchadiens

Samedi dernier, nous avons été invités à une fête organisée pour la communauté tchadienne vivant à Ouaga. Nous y avons mangé des mets tchadiens, délicieux et rencontré les amis de Jolyane, volontaire VSO dont so
n conjoint Gnaba et qui nous avait invités. Notre ami Titcki est aussi tchadien. C’était une fête très animée, ponctuée de musiques et de danses. On s’est bien amusés.

Fin de séjour : Il faut bien en parler de ce départ puisqu’il se concrétise dans trois jours. Plein de sentiments et d’émotions fortes ont ponctué cette dernière semaine. Il y a eu, tout d’abord, cette petite fête organisée par M. Sanou, notre voisin de la FENOP dont j’ai parlé lors de mon dernier blog. Il avait même invité Pierre pour un lunch sympathique dans le local même. Ce geste m’a profondément touchée, il avait invité tous ceux qui partagent ces mêmes espaces de bureaux. Nous avons bien ri et bien parlé de nos habitudes réciproques, allant de notre gardien, Ousmane, qui est Peul et qui nous a fait son thé à sa façon, à notre collègue Ouomou qui ne pourrait vivre sans son tô et se demande si on peut en avoir au Canada. Puis-je avouer que j’ai encore parlé de notre sirop d’érable ? C’est plus fort que moi, de ce temps-ci, je n’arrête pas d’y penser !

Un autre moment fort de la semaine, c’est vendredi dernier. Nous étions tous invités par VSO pour, en principe, saluer l’arrivée de trois nouveaux volontaires et souligner mon départ. Au « Jardin de l’amitié », un endroit populaire de Ouaga. Mais, en fait, il n’y avait qu’une seule nouvelle, Helen, arrivant directement de Grande Bretagne. Les deux autres av
aient eu un retard dans leur trajet. La fête s’est donc un peu plus focalisée sur mon départ et, à ma grande surprise et à ma grande gêne aussi (pour ceux qui me connaissent, ils ne seront pas surpris), j’ai eu droit à un concert de louanges. Même Pierre a eu droit à ses hommages. Et le tout de façon officielle, en commençant par le Directeur de VSO, Gervais. Comme mes partenaires avaient été invitées, Laetitia et Mme Tiema, la présidente d’UFROAT, elles ont également fait leur allocution et Pierre et moi avons reçu, en cadeau, deux belles chemises en coton biologique fabriquées des mains de notre présidente, en plus d’un beau Batik aux effigies de l’UFROAT. De quoi me rappeler à leur souvenir pour le restant de ma vie ! J’étais tellement émue, j’en ai perdu tous mes moyens !

Que dire d’autre du Burkina ? Et que ferons-nous de ces trois derniers jours ? Je pourrai en faire mention dans un dernier « blog » qui sera fait à Nominingue à notre retour. C’est ainsi que va se clôturer notre belle aventure dans ce pays difficile mais combien attachant.

mardi 23 mars 2010

La vie continue

Mardi, le 23 mars,

C’est bien beau les ateliers de réflexion et les consultations participatives. Mais que faire de toutes ces données ? Les compiler dans des tableaux, analyser les résultats et rédiger des rapports. C’est en gros ce à quoi nous nous sommes consacrées, Laetitia et moi. Un travail de fourmi. Et toujours à travers les coupures de courant. Nous nous sommes même amusés, entre voisins, à deviner à quelle heure aurait lieu la coupure. Une fois seulement j’ai deviné juste. Une journée, la coupure a duré 5h30. De quoi se décourager et rentrer à la maison. Mais, pour faire quoi, sachant qu’à la maison également, il y la même coupure. J’ai beau avoir une autonomie de 2h sur mon ordinateur portable, après ce temps, tout se ferme. Et, évidemment, pas moyen d’envoyer de courriels. Pourtant, il était important d’assurer un suivi de nos ateliers et de remercier nos participantes.

Heureusement que nous avons de bons collègues. Et l’heure du repas nous réunit à tous les midis autour de la grande table de la salle commune. Nous partageons ce que nous apportons et avons toujours des conversations intéressantes avec M. Sanou, Hamadou, Ouomou, M. Kindo. On discute surtout des problèmes reliés à l’agriculture, à la dégradation de l’environnement, à l’absence de démocratie, bref tout ce qui est relié au développement. Le pays a tellement de problèmes que je suis toujours gênée de parler de ma contrée si riche et si bien pourvue en services. On me pose souvent des questions et j’essaie de minimiser nos richesses pour ne pas les décourager encore plus.

Vendredi, j’ai eu un entretien avec le coordonnateur de VSO pour discuter de ma démobilisation. Et oui, mon mandat touche à sa fin et le boulot est loin d’être terminé. Je devrai laisser la place à la relève. Justement, j’ai rédigé mon rapport d’activités en fin de semaine et recommandé qu’un poste de volontaire à long terme (2 ans) soit attribué à l’UFROAT pour appuyer le plan d’action que nous avons élaboré.

Fin de semaine culturelle

Vendredi soir, comme d’habitude, nous avons mangé avec des collègues au Centre Culturel Français en écoutant Naky ZERBO et son groupe. Cette chanteuse a une voix puissante et elle est toute petite. Par la suite, nous sommes allés voir un spectacle de danse très intéressant SIRAKAN, MOUSSO, LACRIMA) avec un groupe de danseurs composé de sept femmes et deux hommes, tous très énergiques. Et sur une musique envoûtante. Dans la salle de concert en plein air. Nous avons beaucoup aimé. Nous sommes revenus en vélo. Là, je ne me sentais pas très en sécurité malgré nos lumières respectives. Même à 11h du soir, il y a un trafic fou de motos. Mais nous sommes arrivés sains et saufs à la maison en 40 minutes.

Samedi soir, nous avons récidivé en allant voir une pièce de théâtre « Le gombo noir » (qui signifie pot de vin) dans un petit théâtre en plein air et en pleine coupure de courant (eh oui, encore une fois). Heureusement, il y avait une génératrice pour l’essentiel. On s’est bien amusés tout au long de cette comédie noire sur la corruption. La salle était remplie à craquer. Et juste avant la pièce, on s’est régalés de poisson braisé savoureux concocté par une Camerounaise très avenante. C’était juste en face, au stade municipal, une série de tables en plein air qui s’installent comme ça tous les soirs. Ce qu’on appelait, en Asie, des marchés de nuit. Le retour en vélo a été moins éprouvant que la veille. Je m’y habitue.

Et hier, c’était l’arrivée du printemps, ce qui ne veut rien dire ici mais chez nous, ça signifie la fête de Thomas. Trois ans. Bonne fête Thomas. On t’embrasse bien fort.

Petit mot de Pierre,
C'est impressionnant de voir le chargement des petits autobus reliants parfois des villages très éloignés. La photo fut prise juste en face du bureau où travaille Thérèse.

Ce matin, je suis allé faire une randonnée de vélo dans la forêt classée Bangre Weoogho (le bois de Boulogne ouagalais). Tout le long des divers sentiers, il y a une panoplie d'affiches amusantes et parfois surprenantes. Attaché dit Bobby ! Je ne peux courrir où je veux ? (Bobby est le chien de bons amis ayant travaillé au Gabon).







Ou comme celle-ci, vous incitant à utilser les latrines.








Lorsque nous nous promenons en vélo, le jour, je suis toujours Thérèse en file indienne. Il est remarquable de voir le regard des hommes, lorsque celle-ci les dépasse. Piqués au vif, aussitôt ceux-ci accélerent la cadence pour redoubler Thérèse. Croyant nous avoir semé pour de bon, leur rhytme se relâche et nous les rattrapons à nouveau. C'est avec une pointe d'orgueuil et un grand sourire que le manège recommence. Ils nous envoient la main lorsque nos routes bifurquent.

dimanche 14 mars 2010

Deuxième atelier de réflexion à Ouagadougou

Dimanche, le 14 mars,

Près de deux semaines de silence, deux semaines où notre vie s’est écoulée paisiblement, sans trop de heurts, avec quelques randonnées de vélo en ville et en campagne et surtout beaucoup de travail puisque nous devions préparer notre deuxième atelier sur le même thème que le premier mais pour les régions du Nord, du Centre et de l’Est du pays.

Cette fois-ci, nous avons assuré un suivi plus rigoureux de nos invitations : rappelant pour des confirmations. Résultat concluant : sur 14 invitations d’organisations membres, 13 sont venues. Beau succès. Nous étions donc 16 en tout avec Laetitia, la présidente et moi. Le tout se déroulait à l’Espace Culturel Gambidi, un endroit très agréable avec ses patios extérieurs et sa salle de réunion climatisée. Nous avons divisé les déléguées en deux groupes de travail, Laetitia prenant en charge le premier groupe à l’intérieur et moi le deuxième à l’extérieur.

Mon groupe de travail sous la paillotte:



Plénière :



Rencontre de volontaires

Hier soir, nous sommes sortis au Centre Culturel Français et avons passé une très agréable soirée avec certains de nos collègues dont Tania qui arrivait de Bobo, Nathalie qui a participé à la fête du 8 mars vêtue du pagne traditionnel confectionné pour l’occasion, Léopold que nous n’avions pas vu depuis très longtemps et, évidemment nos collègues du coin, Michelle et Titki. Comme c’était vendredi soir, nous avons eu droit à la prestation musicale du groupe que nous écoutions à travers nos conversations. C’est toujours agréable de se rencontrer et d’échanger sur nos expériences réciproques.

Prise de décision

Cette semaine, la décision a été prise. Pierre a retardé sa date de départ pour revenir en même temps que moi, soit le 10 avril. Cela n’a pas été facile à prendre mais, comme je ne pouvais pas briser mon contrat et comme je ne pouvais envisager l’idée de demeurer seule pendant ces deux semaines supplémentaires, c’est ainsi qu’il a dû sacrifier sa participation à la saison des sucres. Mais comme, de toutes façons, elle est bien entamée, on se demande s’il restera encore de l’eau d’érable dans quelques semaines.

Petit mot de Pierre

Pour ma part, je fais du vélo à tous les jours, départ le matin vers dix heures, la température est fraîche, soit autour de 35º, 36º, 37ºC. Dans l’après-midi, le thermomètre oscille autour de 43ºC, paraît-il que ces anormalement chaud pour un début mars. Avril est le mois le plus torride, dépassant souvent les 40ºC avec des pointes autour de 50ºC. Au début, j’ai éprouvé des problèmes de déshydratation avec gonflement du ventre et diarrhée. J’étanchais ma soif en ingurgitant des litres et des litres d’eau filtrée. Nathalie, pharmacienne volontaire au sein du groupe VSO-CUSO, a suggéré de prendre un à trois litres d’eau en ajoutant un sachet de sel de réhydratation par litre. Recette miracle, maintenant je prend quotidiennement un litre d’eau contenant les sels ainsi que plusieurs litres d’eau filtrée supplémentaires.

J’ai aussi commencé à jouer au tennis, au « American Recreation Center ». Le terrain est entouré d’un mur de 5 mètres de haut, aucun vent pour nous rafraîchir, alors le corps ruisselle abondamment et dès mon premier match, je me suis fait une grosse ampoule à l’index droit. Le surlendemain, j’avais un rendez-vous avec un coopérant italien, installé ici depuis une vingtaine d’année. Pendant que je jouais mon deuxième match, Thérèse se prélassait dans la piscine du A.C.R. et jasait avec la conjointe de mon partenaire. J’ai dû interrompre le match, mon ampoule me faisait trop souffrir. Depuis une semaine bientôt, j’attends patiemment la guérison de l’index.

A part ces activités ludiques, je m’occupe de l’entretien de notre petite villa. Une fine poussière ocre s’infiltre partout dans la maison, cette poussière se dépose sur les vêtements, meubles, lavabos et planchers. C’est donc avec balais et serpillière (moppe africaine) que je combat à tous les jours l’envahisseur. De plus, je fais la lessive avec l’aide de trois chaudières, d’un grand bac rond, d’une planche en bois et d’une brosse. Je vous épargne la technique manuelle de lavage. J’ai très hâte de rentrer au pays.






mardi 2 mars 2010

Atelier de réflexion à Bobo Dioulasso

Lundi, le 1er mars,

C’est fait, nous l’avons tenu cet atelier, et sommes assez satisfaites des résultats. Nous avons travaillé très fort, Laetitia et moi, à préparer cette étape cruciale de notre plan stratégique : imprimer la documentation nécessaire, faire les photocopies, acheter les fournitures et le matériel pédagogique, terminer nos démarches de recherche de financement. Et ceci à travers les coupures de courant qui duraient des heures et nous paralysaient dans notre emploi du temps. Ici, un échéancier s’intitule un chronogramme. J’aime bien le mot.

Quand nous sommes parties, Mme Tiema, la Présidente, Laetitia et moi, vendredi matin, nous venions tout juste de toucher l’argent nécessaire. Et c’est en vélo que je suis arrivée au terminus d’autobus, à 8h, avec Pierre qui transportait mon sac à dos assez lourd. Les deux autres venaient tout juste d’arriver, chacune avec sa moto. Nous avons laissé vélo et motos en entreposage à la station d’autobus et avons pris ce dernier, de l’agence TCV (Tout Confort voyageur), et c’est vrai que c’était très confortable pour près de cinq (5) heures de route vers le sud du pays.

Aussitôt arrivées à Bobo Dioulassso, nous avons pris possession de nos chambres, très modestes mais correctes, et avons aussitôt préparé la réunion du bureau exécutif prévu pour 18h.

Sur les huit membres du comité exécutif, cinq étaient présentes. Avec Laetitia et moi, ça faisait sept. Nous étions un peu déçues mais c’est quand même plus de la moitié, nous avions le quorum et pouvions procéder. Toutes les questions prévues à l’ordre du jour ont été abordées, même les plus délicates concernant la gestion interne de l’organisme. J’ai été agréablement surprise de la franchise et la spontanéité de chacune. Qui donc disait que les femmes avaient de la difficulté à s’exprimer ? Nous avons donc mené la réunion rondement mais, manque de pot, au beau milieu des débats, le courant a manqué. Ce n’est donc pas seulement à Ouaga que ça se passe ! Nous avons dû continuer en pleine noirceur, à l’aide de quelques lampes torches, et en pleine chaleur puisque les ventilateurs avaient cessé de fonctionner. Mais avec courage et détermination, aucune des participantes n’a voulu écourter la réunion même si je l’ai suggéré. Belle leçon de tolérance elles m’ont données, ces femmes superbes. On est donc allées jusqu’au bout, il était 21h et personne n’avait mangé encore. On a trouvé un petit maquis à la sortie mais, à cette heure, il n’y avait à peu près plus rien à manger à part le tô. Le plat national à base de farine de mil.

Une nuit partagée avec mon homologue et sous le moustiquaire de lit, nous étions quand même un peu fatiguées le lendemain matin mais il fallait se lever tôt pour mettre en place tous les éléments de l’atelier avant l’arrivée des participantes.

Là encore, nous avons été déçues car nous attendions neuf nouvelles déléguées, mais seulement quatre se sont présentées. Pourquoi ? Il faudra analyser la situation dans les prochains jours. Cela faisait donc 9 participantes, deux animatrices, Laetitia et moi, une traductrice, Pauline, qui a fait un travail remarquable car deux des participantes comprenaient à peine le français, la langue du sud du pays étant le Dioula. À ce groupe se sont rajoutées trois participantes d’un autre organisme le RESACIFROAT qui nous a appuyé financièrement. Et finalement, un facilitateur s’est rajouté. Il semble qu’il fallait finalement un homme dans cet atelier, ce dont je n’étais pas d’accord au départ, mais il nous a beaucoup aidées, Laetitia et moi.

Nous avons mené cet atelier rondement, d’étapes en étapes, et avons été surprises du degré d’engagement des participantes. Hésitantes au départ, elles ont fini par toutes exprimer leur opinion, décrivant leur besoins et leur attentes face à notre organisme. C’était assez extraordinaire puisque c’était exactement l’objectif de cet atelier. Nous avons pu ainsi dégager des pistes de solutions et des stratégies à long terme. Et ceci à travers les innombrables coupures de courant qui rendaient la salle de réunion un véritable four.

Nous avons terminé le tout à 16 h, tout le monde semblait enchanté de l’organisation et de l’animation. Des fleurs quoi ! La présidente rayonnait et Laetitia et moi étions surtout crevées et vidées de toute énergie. Contente également car la mission était accomplie. Il nous faudra quelques jours pour ventiler toutes ces informations !

Quelques unes des participantes


Laetitia au tableau
Sourire de la présidente après l'atelier
Visite de Bobo

Pierre est venu me rejoindre le samedi soir et nous en avons profité, dimanche, pour visiter la ville, son marché public et sa vieille mosquée. Nous en avons également profité pour visiter des collègues VSO, tels que Gabriel, France, Rachid, Tania, Rahamata et Minemba. Agréables moments. Nous avons pu constater que la poussière était moins présente que dans la capitale, les nuits légèrement plus fraîches, et, surtout, une présence de verdure qui nous manque tellement dans notre quartier. Une certaine douceur de vivre quoi…

Nous sommes revenus cet après-midi de notre périple et avons appris que la saison des sucres commençait chez nous. Incroyable, quand même, le temps si doux au Québec ! Bonne saison les amis ! Et les Olympiques sont terminées avec 14 médailles d’or pour le Canada. On a loupé bien des choses, en plus de la fête dOtman et de Vicki. Alors Joyeux anniversaire à vous deux !

lundi 22 février 2010

Scènes de vie quotidienne

Dimanche, le 20 février,

Après une semaine de travail très remplie où Laetitia et moi avons continué d’organiser notre tenue d’atelier pour la fin de semaine prochaine, nous avons passé une fin de semaine plutôt reposante.

Ça veut dire quoi au juste ? Eh bien, nous sommes sortis au centre-ville pour aller voir de très bons documentaires au Centre Culturel Français (CCF). Le premier portait sur la Drépanocytose, cette terrible maladie génétique causée par une hémoglobine anormale dans le sang, qui frappe presque exclusivement les personnes de race noire et qui ne se traite qu’avec des médicaments fort coûteux et donc inaccessibles à la plupart des malades atteints. Le documentaire était fort touchant, les personnages émouvants et si vrais mais, autre réalité d’ici, la panne de courant est arrivée, il a fallu partir sans voir la fin.

Il y a d’ailleurs de plus en plus de pannes de courant. Et aussi des coupures d’eau. Ça, c’est assez pénible car il fait si chaud que la douche est une nécessité telle qu’il faut prévoir à l’avance des chaudières d’eau pour s’asperger en tous temps. Cette semaine, la température de jour s’est maintenue à plus de 40° et les nuits étaient à peine plus fraîche. Ce qui est anormalement chaud pour un mois de février. Ce sont généralement les chaleurs d’avril.

Pierre a également vu un autre documentaire (La tumultueuse vie d’un déflaté) vendredi, sur un conducteur de locomotive qui a fait pendant 20 ans la ligne Abidjan-Ouagadougou avant d’être licencié quand la compagnie a été privatisée. Celui-là, je ne l’ai pas vu car nous étions en grande conversation, Nathalie, Michelle et moi, racontant nos expériences de travail réciproques devant un bonne bière, attablées au bar du CCF. Pierre a beaucoup apprécié le documentaire et la discussion par la suite avec le personnage principal.

Samedi, nous sommes allés en vélo et à pied manger dans un bon petit resto « Le Paradisio » dans la « Zone du Bois » un secteur assez chic de la ville. Là où plein d’organismes de coopération sont installés dont le « CECI ». Nous avons dû revenir à pied car c’est très difficile de trouver un taxi sur la route le soir. Les rues étant peu éclairées, nous étions contents d’arriver au bout de 45 minutes. Même avec Pierre comme gardien, nous ne nous sentions pas vraiment en sécurité, Michelle et moi.


Et aujourd’hui, on a passé la matinée à faire du vélo au centre-ville où nous en avons profité pour prendre notre petit-déjeuner à la pâtisserie. Ici, il y a autant de parkings à vélo qu'à moto ou auto. Et on doit nécessairement utiliser ces parkings pour que nos vélos soient en sécurité. Nous avons écumé les clubs de tennis, Pierre n’ayant pas encore réussi à se trouver un partenaire et à jouer une seule partie. Mais là, il a établi quelques contacts, histoire à suivre.


Le soir, on va prendre une bière dans un petit maquis (bistrot rustique) tout près de chez-nous. Nous faisons de belles rencontres, des enfants charmants, des jeunes filles enjouées, des fonctionnaires cordiaux, cela nous change de notre appartement.

Au Travail

Au travail, il y a aussi les pannes de courant. C’est un peu catastrophique car tout notre travail est sur ordinateur, nous imprimons très peu, pour épargner et le papier et les cartouches d’encre. Nous sommes donc bloquées et nous en profitons pour planifier, analyser, bavarder avec nos voisins.

Je n’ai pas encore parlé de nos voisins de travail. Tout d’abord M. Sanou. C’est le coordonnateur de la Fédération Nationale des Organisation Paysannes (FENOP), membre de notre organisme UFROAT avec des moyens financiers un peu plus élevés. C’est pourquoi il peut héberger notre organisme sans nous demander de loyer en compensation. Par contre, si nous réussissons notre levée de fonds, nous allons sûrement pallier à cette anomalie. Régulièrement, il nous offre des petites gâteries (style croissants) à la pause, et du poulet en repas du midi. Cela me gêne un peu, alors, à mon tour, j’offre des fruits, des yaourts, des biscuits, pour compenser.

Il y a aussi M. Ilboudou, le gardien du bureau. Un gentil vieux monsieur très serviable qui nous rend de multiples services : aller faire des photocopies à l’extérieur, acheter des petites fournitures, acheter le tô et le foufou du midi. Il fait ses prières religieusement, comme tout bon musulman. Toujours souriant, c’est le pillier de l’endroit. Et il y a tous ces gens que nous croisons presque tous les jours : Hamadou, jeune homme à tout faire, un peu journaliste, toujours prêt à nous rendre service, M, Kindo (coordonnateur de l’Association des Maraîchers), qui nous donne toujours des conseils et qui a des réponses à toutes nos questions. Et plein d’autres visiteurs viennent nous saluer tout au long de la journée. Ce qui est bien difficile pour la concentration. Mais salutaire pour les relations sociales.

À bientôt, après notre atelier de réflexions à Bobo Dioulasso

jeudi 18 février 2010

Les éléphants de Boromo

Jeudi, le 17 février,

Le camp SAMA et les éléphants


Près de deux semaines sans nouvelles. Beaucoup à dire pourtant, des difficiles et des plus agréables, je commence par celles-ci.

Samedi, on est allés à Boromo, à 2h½ de route de Ouagadougou, vers le sud-ouest. En autobus avec Michelle et Nathalie. Sur place, nous y avons rencontré Tania, de Bobo Dioulasso, arrivée la veille, et Pierre, parti en éclaireur depuis deux jours.

Installé dans un campement rustique mais très sympathique, très propre malgré son confort sommaire, il avait eu le temps d’y connaître tout le monde autour. Il nous avait donc trouvé des motos et mobylettes pour aller nous faire rencontrer les éléphants du parc à 8 km qu’il côtoyait depuis deux jours. Mais, manque de pot, couverture nuageuse, pas un éléphant ne s’est pointés. Nous sommes retournés au campement très déçus.

Par contre, la soirée a été mémorable : un bon petit repas rustique, du vin qui déliait bien les langues, et surtout notre invité, Salifou, travailleur social qui nous a si bien expliqué des problèmes concrets vécus par ses sœurs burkinabés. Un type charmant, intéressant et, surtout, avec tant d’humanisme et de générosité.

Le lendemain matin, on est repartis aux éléphants encore sur nos vieilles motos et, cette fois-ci, nous avons eu droit à la totale. Ils étaient là avant nous, une trentaine au moins, et pendant presque deux heures, nous avons assisté à leurs scènes de vie quotidienne : les manifestations de tendresse, d’agressivité, de protection, comme une grande famille. Nous étions tout près, seul un bras de rivière de 5 mètres nous séparait d’eux et notre présence ne semblait pas trop les déranger. Une vraie pièce de théâtre se déroulait devant nos yeux. Bref, un enchantement.

L’agression

Il faut bien en parler de cette agression puisqu’elle fait aussi partie de notre réalité. Eh oui, c’est arrivé à Michelle et à moi, le premier jour que nous étions seules après le départ de Pierre. Nous revenions du Centre Culturel Français où nous avions vu une exposition fort intéressante de sculptures faites de matériel recyclé et de marionnettes géantes assez impressionnantes. Nous avions mangé sur place avant de revenir en autobus. Il nous restait une dizaine de minutes à marcher avant d’arriver à notre maison.

Et c’est juste avant d’arriver, en face de la mosquée (cette fameuse mosquée qui nous réveille tous les matins à 04h avec son appel à la prière crachée dans ses haut-parleurs) qu’une mot
o est arrivée à toute vitesse avec deux types dessus. Je me suis sentie violemment projetée par terre quand ils ont tenté de m’arracher mon sac en bandoulière. Comme ils n’ont pas réussi, ils sont revenus une deuxième fois, ont tenté de nouveau d’enlever mon sac et s’en sont pris à Michelle qui tentait de me relever, l’ont projeté à terre elle aussi mais sans réussir non plus. On s’est relevées, je saignais et j’avais un énorme hématome sur la tête et sur le bras. J’avais heurté des pierres en tombant. On est revenues vaille que vaille chez-nous, remarquant qu’il y avait quelqu’un qui était assis devant la mosquée et qui n’a fait aucun geste pour nous aider. Ni aucun de nos voisins d’ailleurs qui ont sûrement entendu nos cris. Cela nous a traumatisées encore plus.

Conséquence de tout ceci : une peur s’est installée, je ne laisserai plus partir Pierre pour me retrouver seule dans le quartier, j’ai une méfiance envers ces voisins que je trouvais si gentils, Michelle a décidé d’engager un gardien et nous ne sortirons plus jamais seules le soir à pied dans le quartier. C’est vraiment dommage. Ce matin, nous sommes allées faire notre déclaration au commissariat de police et je suis allée consulter un médecin car j’ai une très légère infection que je dois traiter aussitôt. Bref, une expérience traumatisante dont j’espère n’en retirer que des leçons de prudence à l’avenir.

Le travail

Au bureau aussi, il s’est passé bien des choses. Après des moments de découragement face à nos démarches qui portaient peu de fruits, une petite lueur d’espoir s’est pointée hier. Nous avons réussi à obtenir le financement requis pour tenir un premier atelier de réflexion à Bobo Dioulasso le 27 février. Nous avons donc lancé nos lettres d’invitation à nos organismes membres espérant qu’elles seront nombreuses à y assister. Et c’est surtout Laetitia et moi qui allons animer cet atelier. C’est tout un défi mais aussi une belle expérience, je crois. Nous aurons donc des journées de travail fort chargées. J’en redonne des nouvelles.

Merci à ceux qui m’ont répondu, en commentaires ou en courriels. Je n’ai malheureusement pas vraiment l’opportunité de vous répondre, je le fais par l’intermédiaire de cette page. Bisous à tous.