lundi 22 février 2010

Scènes de vie quotidienne

Dimanche, le 20 février,

Après une semaine de travail très remplie où Laetitia et moi avons continué d’organiser notre tenue d’atelier pour la fin de semaine prochaine, nous avons passé une fin de semaine plutôt reposante.

Ça veut dire quoi au juste ? Eh bien, nous sommes sortis au centre-ville pour aller voir de très bons documentaires au Centre Culturel Français (CCF). Le premier portait sur la Drépanocytose, cette terrible maladie génétique causée par une hémoglobine anormale dans le sang, qui frappe presque exclusivement les personnes de race noire et qui ne se traite qu’avec des médicaments fort coûteux et donc inaccessibles à la plupart des malades atteints. Le documentaire était fort touchant, les personnages émouvants et si vrais mais, autre réalité d’ici, la panne de courant est arrivée, il a fallu partir sans voir la fin.

Il y a d’ailleurs de plus en plus de pannes de courant. Et aussi des coupures d’eau. Ça, c’est assez pénible car il fait si chaud que la douche est une nécessité telle qu’il faut prévoir à l’avance des chaudières d’eau pour s’asperger en tous temps. Cette semaine, la température de jour s’est maintenue à plus de 40° et les nuits étaient à peine plus fraîche. Ce qui est anormalement chaud pour un mois de février. Ce sont généralement les chaleurs d’avril.

Pierre a également vu un autre documentaire (La tumultueuse vie d’un déflaté) vendredi, sur un conducteur de locomotive qui a fait pendant 20 ans la ligne Abidjan-Ouagadougou avant d’être licencié quand la compagnie a été privatisée. Celui-là, je ne l’ai pas vu car nous étions en grande conversation, Nathalie, Michelle et moi, racontant nos expériences de travail réciproques devant un bonne bière, attablées au bar du CCF. Pierre a beaucoup apprécié le documentaire et la discussion par la suite avec le personnage principal.

Samedi, nous sommes allés en vélo et à pied manger dans un bon petit resto « Le Paradisio » dans la « Zone du Bois » un secteur assez chic de la ville. Là où plein d’organismes de coopération sont installés dont le « CECI ». Nous avons dû revenir à pied car c’est très difficile de trouver un taxi sur la route le soir. Les rues étant peu éclairées, nous étions contents d’arriver au bout de 45 minutes. Même avec Pierre comme gardien, nous ne nous sentions pas vraiment en sécurité, Michelle et moi.


Et aujourd’hui, on a passé la matinée à faire du vélo au centre-ville où nous en avons profité pour prendre notre petit-déjeuner à la pâtisserie. Ici, il y a autant de parkings à vélo qu'à moto ou auto. Et on doit nécessairement utiliser ces parkings pour que nos vélos soient en sécurité. Nous avons écumé les clubs de tennis, Pierre n’ayant pas encore réussi à se trouver un partenaire et à jouer une seule partie. Mais là, il a établi quelques contacts, histoire à suivre.


Le soir, on va prendre une bière dans un petit maquis (bistrot rustique) tout près de chez-nous. Nous faisons de belles rencontres, des enfants charmants, des jeunes filles enjouées, des fonctionnaires cordiaux, cela nous change de notre appartement.

Au Travail

Au travail, il y a aussi les pannes de courant. C’est un peu catastrophique car tout notre travail est sur ordinateur, nous imprimons très peu, pour épargner et le papier et les cartouches d’encre. Nous sommes donc bloquées et nous en profitons pour planifier, analyser, bavarder avec nos voisins.

Je n’ai pas encore parlé de nos voisins de travail. Tout d’abord M. Sanou. C’est le coordonnateur de la Fédération Nationale des Organisation Paysannes (FENOP), membre de notre organisme UFROAT avec des moyens financiers un peu plus élevés. C’est pourquoi il peut héberger notre organisme sans nous demander de loyer en compensation. Par contre, si nous réussissons notre levée de fonds, nous allons sûrement pallier à cette anomalie. Régulièrement, il nous offre des petites gâteries (style croissants) à la pause, et du poulet en repas du midi. Cela me gêne un peu, alors, à mon tour, j’offre des fruits, des yaourts, des biscuits, pour compenser.

Il y a aussi M. Ilboudou, le gardien du bureau. Un gentil vieux monsieur très serviable qui nous rend de multiples services : aller faire des photocopies à l’extérieur, acheter des petites fournitures, acheter le tô et le foufou du midi. Il fait ses prières religieusement, comme tout bon musulman. Toujours souriant, c’est le pillier de l’endroit. Et il y a tous ces gens que nous croisons presque tous les jours : Hamadou, jeune homme à tout faire, un peu journaliste, toujours prêt à nous rendre service, M, Kindo (coordonnateur de l’Association des Maraîchers), qui nous donne toujours des conseils et qui a des réponses à toutes nos questions. Et plein d’autres visiteurs viennent nous saluer tout au long de la journée. Ce qui est bien difficile pour la concentration. Mais salutaire pour les relations sociales.

À bientôt, après notre atelier de réflexions à Bobo Dioulasso

jeudi 18 février 2010

Les éléphants de Boromo

Jeudi, le 17 février,

Le camp SAMA et les éléphants


Près de deux semaines sans nouvelles. Beaucoup à dire pourtant, des difficiles et des plus agréables, je commence par celles-ci.

Samedi, on est allés à Boromo, à 2h½ de route de Ouagadougou, vers le sud-ouest. En autobus avec Michelle et Nathalie. Sur place, nous y avons rencontré Tania, de Bobo Dioulasso, arrivée la veille, et Pierre, parti en éclaireur depuis deux jours.

Installé dans un campement rustique mais très sympathique, très propre malgré son confort sommaire, il avait eu le temps d’y connaître tout le monde autour. Il nous avait donc trouvé des motos et mobylettes pour aller nous faire rencontrer les éléphants du parc à 8 km qu’il côtoyait depuis deux jours. Mais, manque de pot, couverture nuageuse, pas un éléphant ne s’est pointés. Nous sommes retournés au campement très déçus.

Par contre, la soirée a été mémorable : un bon petit repas rustique, du vin qui déliait bien les langues, et surtout notre invité, Salifou, travailleur social qui nous a si bien expliqué des problèmes concrets vécus par ses sœurs burkinabés. Un type charmant, intéressant et, surtout, avec tant d’humanisme et de générosité.

Le lendemain matin, on est repartis aux éléphants encore sur nos vieilles motos et, cette fois-ci, nous avons eu droit à la totale. Ils étaient là avant nous, une trentaine au moins, et pendant presque deux heures, nous avons assisté à leurs scènes de vie quotidienne : les manifestations de tendresse, d’agressivité, de protection, comme une grande famille. Nous étions tout près, seul un bras de rivière de 5 mètres nous séparait d’eux et notre présence ne semblait pas trop les déranger. Une vraie pièce de théâtre se déroulait devant nos yeux. Bref, un enchantement.

L’agression

Il faut bien en parler de cette agression puisqu’elle fait aussi partie de notre réalité. Eh oui, c’est arrivé à Michelle et à moi, le premier jour que nous étions seules après le départ de Pierre. Nous revenions du Centre Culturel Français où nous avions vu une exposition fort intéressante de sculptures faites de matériel recyclé et de marionnettes géantes assez impressionnantes. Nous avions mangé sur place avant de revenir en autobus. Il nous restait une dizaine de minutes à marcher avant d’arriver à notre maison.

Et c’est juste avant d’arriver, en face de la mosquée (cette fameuse mosquée qui nous réveille tous les matins à 04h avec son appel à la prière crachée dans ses haut-parleurs) qu’une mot
o est arrivée à toute vitesse avec deux types dessus. Je me suis sentie violemment projetée par terre quand ils ont tenté de m’arracher mon sac en bandoulière. Comme ils n’ont pas réussi, ils sont revenus une deuxième fois, ont tenté de nouveau d’enlever mon sac et s’en sont pris à Michelle qui tentait de me relever, l’ont projeté à terre elle aussi mais sans réussir non plus. On s’est relevées, je saignais et j’avais un énorme hématome sur la tête et sur le bras. J’avais heurté des pierres en tombant. On est revenues vaille que vaille chez-nous, remarquant qu’il y avait quelqu’un qui était assis devant la mosquée et qui n’a fait aucun geste pour nous aider. Ni aucun de nos voisins d’ailleurs qui ont sûrement entendu nos cris. Cela nous a traumatisées encore plus.

Conséquence de tout ceci : une peur s’est installée, je ne laisserai plus partir Pierre pour me retrouver seule dans le quartier, j’ai une méfiance envers ces voisins que je trouvais si gentils, Michelle a décidé d’engager un gardien et nous ne sortirons plus jamais seules le soir à pied dans le quartier. C’est vraiment dommage. Ce matin, nous sommes allées faire notre déclaration au commissariat de police et je suis allée consulter un médecin car j’ai une très légère infection que je dois traiter aussitôt. Bref, une expérience traumatisante dont j’espère n’en retirer que des leçons de prudence à l’avenir.

Le travail

Au bureau aussi, il s’est passé bien des choses. Après des moments de découragement face à nos démarches qui portaient peu de fruits, une petite lueur d’espoir s’est pointée hier. Nous avons réussi à obtenir le financement requis pour tenir un premier atelier de réflexion à Bobo Dioulasso le 27 février. Nous avons donc lancé nos lettres d’invitation à nos organismes membres espérant qu’elles seront nombreuses à y assister. Et c’est surtout Laetitia et moi qui allons animer cet atelier. C’est tout un défi mais aussi une belle expérience, je crois. Nous aurons donc des journées de travail fort chargées. J’en redonne des nouvelles.

Merci à ceux qui m’ont répondu, en commentaires ou en courriels. Je n’ai malheureusement pas vraiment l’opportunité de vous répondre, je le fais par l’intermédiaire de cette page. Bisous à tous.

samedi 6 février 2010

Une semaine bien remplie

Samedi, le 6 février


Pierre m’a déniché une bicyclette. Dimanche dernier, nous sommes allés nous balader dans le parc urbain, tellement calme après la trafic incessant du boulevard qu’il a fallu emprunter pour s’y rendre. Mais je suis tellement contente de refaire du vélo que je surmonte mes appréhensions d’un éventuel accident. Nous y avons trouvé une mare aux crocodiles, mais les grosses bêtes étaient bien camouflées aux abords. Un vol d’aigrettes les a tous fait plonger dans l’eau en même temps, un beau spectacle.

Nous avons encore abattu un bon boulot, Laetitia et moi. Ayant réussi à compléter notre dossier de demande de subventions, nous avons commencé notre démarchage effectuant des appels à différents partenaires potentiels afin d’obtenir des rendez-vous pour expliquer notre projet et déposer notre dossier. C’est la première fois de ma longue (!) vie que j’effectue ce genre de démarches et j’étais assez sceptique sur le résultat. Mais, bizarrement, ça semble marcher. Dans ce pays à l’extrême pauvreté, il semble qu’il y ait plein d’organismes de coopération qui n’attendent que des projets pour déverser tous les sous qu’ils ont de leur pays respectif.

Bref, nous avons obtenu des rendez-vous dont le premier à l’organisme de coopération de l’Ambassade de Chine. C’est ainsi que je me suis baladée à l’arrière de la moto de Laetitia dans les rues poussiéreuses de Ouaga avec mon nouveau casque de sécurité acheté la veille, une exigence de notre organisme VSO même si, ici, le port du casque n’est pas obligatoire. Ainsi casquées et aussi masquées pour nous protéger de la poussière, nous étions plutôt drôles à voir, deux mémés en robe de travail et en sandales!

Ce dossier que nous avons déposé, j’en avais terminé la correction la veille à minuit après que ma voisine Michelle l’ait passé au peigne fin. C’est une spécialiste en la matière et elle m’a donné de bons tuyaux pour mieux le ficeler. Pendant que Laetitia exposait notre demande à M. Zanon, chef de projet et très réceptif, notre présidente, Mme Tiema allait effectuer le même démarche auprès d’OXFAM. Et nous avons plein de rendez-vous pour la semaine prochaine dont l’un à l’Ambassade du Canada.

Hier soir, c’était notre grande sortie de fin de semaine. Laetitia m’ayant déposée au centre-ville, plus spécialement au CCF (Centre Culturel Français), nous y avons pris un bon jus de fruit avant que Pierre vienne nous rejoindre. Puis, nous avons visité une exposition de peintures très impressionnantes de visages africains, sud-américains et asiatiques. Tous des visages marqués par la vie avec des regards profonds dont le magnétisme nous saisit. Nous avons rencontré l’artiste, M. George Singh qui nous a expliqué sa démarche. C’est un peintre aux origine multiculturelles qui tisse un lien entre sa propre culture et la leur.

Par la suite, Nathalie est venue nous rejoindre avec François, un ami qui l’a amenée en moto (tien, elles aussi!) et nous avons mangé sur place en regardant et écoutant le groupe « Négroïdes », des jeunes rappeurs et musiciens très talentueux. Une chanson sur la dénonciation de l’excision, percutante, m’a particulièrement interpellée. Nous sommes partis assez tôt afin de pouvoir attraper le dernier autobus de la soirée.

Bye bye à nos globe-trotteuses Monique et Josée