mardi 23 mars 2010

La vie continue

Mardi, le 23 mars,

C’est bien beau les ateliers de réflexion et les consultations participatives. Mais que faire de toutes ces données ? Les compiler dans des tableaux, analyser les résultats et rédiger des rapports. C’est en gros ce à quoi nous nous sommes consacrées, Laetitia et moi. Un travail de fourmi. Et toujours à travers les coupures de courant. Nous nous sommes même amusés, entre voisins, à deviner à quelle heure aurait lieu la coupure. Une fois seulement j’ai deviné juste. Une journée, la coupure a duré 5h30. De quoi se décourager et rentrer à la maison. Mais, pour faire quoi, sachant qu’à la maison également, il y la même coupure. J’ai beau avoir une autonomie de 2h sur mon ordinateur portable, après ce temps, tout se ferme. Et, évidemment, pas moyen d’envoyer de courriels. Pourtant, il était important d’assurer un suivi de nos ateliers et de remercier nos participantes.

Heureusement que nous avons de bons collègues. Et l’heure du repas nous réunit à tous les midis autour de la grande table de la salle commune. Nous partageons ce que nous apportons et avons toujours des conversations intéressantes avec M. Sanou, Hamadou, Ouomou, M. Kindo. On discute surtout des problèmes reliés à l’agriculture, à la dégradation de l’environnement, à l’absence de démocratie, bref tout ce qui est relié au développement. Le pays a tellement de problèmes que je suis toujours gênée de parler de ma contrée si riche et si bien pourvue en services. On me pose souvent des questions et j’essaie de minimiser nos richesses pour ne pas les décourager encore plus.

Vendredi, j’ai eu un entretien avec le coordonnateur de VSO pour discuter de ma démobilisation. Et oui, mon mandat touche à sa fin et le boulot est loin d’être terminé. Je devrai laisser la place à la relève. Justement, j’ai rédigé mon rapport d’activités en fin de semaine et recommandé qu’un poste de volontaire à long terme (2 ans) soit attribué à l’UFROAT pour appuyer le plan d’action que nous avons élaboré.

Fin de semaine culturelle

Vendredi soir, comme d’habitude, nous avons mangé avec des collègues au Centre Culturel Français en écoutant Naky ZERBO et son groupe. Cette chanteuse a une voix puissante et elle est toute petite. Par la suite, nous sommes allés voir un spectacle de danse très intéressant SIRAKAN, MOUSSO, LACRIMA) avec un groupe de danseurs composé de sept femmes et deux hommes, tous très énergiques. Et sur une musique envoûtante. Dans la salle de concert en plein air. Nous avons beaucoup aimé. Nous sommes revenus en vélo. Là, je ne me sentais pas très en sécurité malgré nos lumières respectives. Même à 11h du soir, il y a un trafic fou de motos. Mais nous sommes arrivés sains et saufs à la maison en 40 minutes.

Samedi soir, nous avons récidivé en allant voir une pièce de théâtre « Le gombo noir » (qui signifie pot de vin) dans un petit théâtre en plein air et en pleine coupure de courant (eh oui, encore une fois). Heureusement, il y avait une génératrice pour l’essentiel. On s’est bien amusés tout au long de cette comédie noire sur la corruption. La salle était remplie à craquer. Et juste avant la pièce, on s’est régalés de poisson braisé savoureux concocté par une Camerounaise très avenante. C’était juste en face, au stade municipal, une série de tables en plein air qui s’installent comme ça tous les soirs. Ce qu’on appelait, en Asie, des marchés de nuit. Le retour en vélo a été moins éprouvant que la veille. Je m’y habitue.

Et hier, c’était l’arrivée du printemps, ce qui ne veut rien dire ici mais chez nous, ça signifie la fête de Thomas. Trois ans. Bonne fête Thomas. On t’embrasse bien fort.

Petit mot de Pierre,
C'est impressionnant de voir le chargement des petits autobus reliants parfois des villages très éloignés. La photo fut prise juste en face du bureau où travaille Thérèse.

Ce matin, je suis allé faire une randonnée de vélo dans la forêt classée Bangre Weoogho (le bois de Boulogne ouagalais). Tout le long des divers sentiers, il y a une panoplie d'affiches amusantes et parfois surprenantes. Attaché dit Bobby ! Je ne peux courrir où je veux ? (Bobby est le chien de bons amis ayant travaillé au Gabon).







Ou comme celle-ci, vous incitant à utilser les latrines.








Lorsque nous nous promenons en vélo, le jour, je suis toujours Thérèse en file indienne. Il est remarquable de voir le regard des hommes, lorsque celle-ci les dépasse. Piqués au vif, aussitôt ceux-ci accélerent la cadence pour redoubler Thérèse. Croyant nous avoir semé pour de bon, leur rhytme se relâche et nous les rattrapons à nouveau. C'est avec une pointe d'orgueuil et un grand sourire que le manège recommence. Ils nous envoient la main lorsque nos routes bifurquent.

dimanche 14 mars 2010

Deuxième atelier de réflexion à Ouagadougou

Dimanche, le 14 mars,

Près de deux semaines de silence, deux semaines où notre vie s’est écoulée paisiblement, sans trop de heurts, avec quelques randonnées de vélo en ville et en campagne et surtout beaucoup de travail puisque nous devions préparer notre deuxième atelier sur le même thème que le premier mais pour les régions du Nord, du Centre et de l’Est du pays.

Cette fois-ci, nous avons assuré un suivi plus rigoureux de nos invitations : rappelant pour des confirmations. Résultat concluant : sur 14 invitations d’organisations membres, 13 sont venues. Beau succès. Nous étions donc 16 en tout avec Laetitia, la présidente et moi. Le tout se déroulait à l’Espace Culturel Gambidi, un endroit très agréable avec ses patios extérieurs et sa salle de réunion climatisée. Nous avons divisé les déléguées en deux groupes de travail, Laetitia prenant en charge le premier groupe à l’intérieur et moi le deuxième à l’extérieur.

Mon groupe de travail sous la paillotte:



Plénière :



Rencontre de volontaires

Hier soir, nous sommes sortis au Centre Culturel Français et avons passé une très agréable soirée avec certains de nos collègues dont Tania qui arrivait de Bobo, Nathalie qui a participé à la fête du 8 mars vêtue du pagne traditionnel confectionné pour l’occasion, Léopold que nous n’avions pas vu depuis très longtemps et, évidemment nos collègues du coin, Michelle et Titki. Comme c’était vendredi soir, nous avons eu droit à la prestation musicale du groupe que nous écoutions à travers nos conversations. C’est toujours agréable de se rencontrer et d’échanger sur nos expériences réciproques.

Prise de décision

Cette semaine, la décision a été prise. Pierre a retardé sa date de départ pour revenir en même temps que moi, soit le 10 avril. Cela n’a pas été facile à prendre mais, comme je ne pouvais pas briser mon contrat et comme je ne pouvais envisager l’idée de demeurer seule pendant ces deux semaines supplémentaires, c’est ainsi qu’il a dû sacrifier sa participation à la saison des sucres. Mais comme, de toutes façons, elle est bien entamée, on se demande s’il restera encore de l’eau d’érable dans quelques semaines.

Petit mot de Pierre

Pour ma part, je fais du vélo à tous les jours, départ le matin vers dix heures, la température est fraîche, soit autour de 35º, 36º, 37ºC. Dans l’après-midi, le thermomètre oscille autour de 43ºC, paraît-il que ces anormalement chaud pour un début mars. Avril est le mois le plus torride, dépassant souvent les 40ºC avec des pointes autour de 50ºC. Au début, j’ai éprouvé des problèmes de déshydratation avec gonflement du ventre et diarrhée. J’étanchais ma soif en ingurgitant des litres et des litres d’eau filtrée. Nathalie, pharmacienne volontaire au sein du groupe VSO-CUSO, a suggéré de prendre un à trois litres d’eau en ajoutant un sachet de sel de réhydratation par litre. Recette miracle, maintenant je prend quotidiennement un litre d’eau contenant les sels ainsi que plusieurs litres d’eau filtrée supplémentaires.

J’ai aussi commencé à jouer au tennis, au « American Recreation Center ». Le terrain est entouré d’un mur de 5 mètres de haut, aucun vent pour nous rafraîchir, alors le corps ruisselle abondamment et dès mon premier match, je me suis fait une grosse ampoule à l’index droit. Le surlendemain, j’avais un rendez-vous avec un coopérant italien, installé ici depuis une vingtaine d’année. Pendant que je jouais mon deuxième match, Thérèse se prélassait dans la piscine du A.C.R. et jasait avec la conjointe de mon partenaire. J’ai dû interrompre le match, mon ampoule me faisait trop souffrir. Depuis une semaine bientôt, j’attends patiemment la guérison de l’index.

A part ces activités ludiques, je m’occupe de l’entretien de notre petite villa. Une fine poussière ocre s’infiltre partout dans la maison, cette poussière se dépose sur les vêtements, meubles, lavabos et planchers. C’est donc avec balais et serpillière (moppe africaine) que je combat à tous les jours l’envahisseur. De plus, je fais la lessive avec l’aide de trois chaudières, d’un grand bac rond, d’une planche en bois et d’une brosse. Je vous épargne la technique manuelle de lavage. J’ai très hâte de rentrer au pays.






mardi 2 mars 2010

Atelier de réflexion à Bobo Dioulasso

Lundi, le 1er mars,

C’est fait, nous l’avons tenu cet atelier, et sommes assez satisfaites des résultats. Nous avons travaillé très fort, Laetitia et moi, à préparer cette étape cruciale de notre plan stratégique : imprimer la documentation nécessaire, faire les photocopies, acheter les fournitures et le matériel pédagogique, terminer nos démarches de recherche de financement. Et ceci à travers les coupures de courant qui duraient des heures et nous paralysaient dans notre emploi du temps. Ici, un échéancier s’intitule un chronogramme. J’aime bien le mot.

Quand nous sommes parties, Mme Tiema, la Présidente, Laetitia et moi, vendredi matin, nous venions tout juste de toucher l’argent nécessaire. Et c’est en vélo que je suis arrivée au terminus d’autobus, à 8h, avec Pierre qui transportait mon sac à dos assez lourd. Les deux autres venaient tout juste d’arriver, chacune avec sa moto. Nous avons laissé vélo et motos en entreposage à la station d’autobus et avons pris ce dernier, de l’agence TCV (Tout Confort voyageur), et c’est vrai que c’était très confortable pour près de cinq (5) heures de route vers le sud du pays.

Aussitôt arrivées à Bobo Dioulassso, nous avons pris possession de nos chambres, très modestes mais correctes, et avons aussitôt préparé la réunion du bureau exécutif prévu pour 18h.

Sur les huit membres du comité exécutif, cinq étaient présentes. Avec Laetitia et moi, ça faisait sept. Nous étions un peu déçues mais c’est quand même plus de la moitié, nous avions le quorum et pouvions procéder. Toutes les questions prévues à l’ordre du jour ont été abordées, même les plus délicates concernant la gestion interne de l’organisme. J’ai été agréablement surprise de la franchise et la spontanéité de chacune. Qui donc disait que les femmes avaient de la difficulté à s’exprimer ? Nous avons donc mené la réunion rondement mais, manque de pot, au beau milieu des débats, le courant a manqué. Ce n’est donc pas seulement à Ouaga que ça se passe ! Nous avons dû continuer en pleine noirceur, à l’aide de quelques lampes torches, et en pleine chaleur puisque les ventilateurs avaient cessé de fonctionner. Mais avec courage et détermination, aucune des participantes n’a voulu écourter la réunion même si je l’ai suggéré. Belle leçon de tolérance elles m’ont données, ces femmes superbes. On est donc allées jusqu’au bout, il était 21h et personne n’avait mangé encore. On a trouvé un petit maquis à la sortie mais, à cette heure, il n’y avait à peu près plus rien à manger à part le tô. Le plat national à base de farine de mil.

Une nuit partagée avec mon homologue et sous le moustiquaire de lit, nous étions quand même un peu fatiguées le lendemain matin mais il fallait se lever tôt pour mettre en place tous les éléments de l’atelier avant l’arrivée des participantes.

Là encore, nous avons été déçues car nous attendions neuf nouvelles déléguées, mais seulement quatre se sont présentées. Pourquoi ? Il faudra analyser la situation dans les prochains jours. Cela faisait donc 9 participantes, deux animatrices, Laetitia et moi, une traductrice, Pauline, qui a fait un travail remarquable car deux des participantes comprenaient à peine le français, la langue du sud du pays étant le Dioula. À ce groupe se sont rajoutées trois participantes d’un autre organisme le RESACIFROAT qui nous a appuyé financièrement. Et finalement, un facilitateur s’est rajouté. Il semble qu’il fallait finalement un homme dans cet atelier, ce dont je n’étais pas d’accord au départ, mais il nous a beaucoup aidées, Laetitia et moi.

Nous avons mené cet atelier rondement, d’étapes en étapes, et avons été surprises du degré d’engagement des participantes. Hésitantes au départ, elles ont fini par toutes exprimer leur opinion, décrivant leur besoins et leur attentes face à notre organisme. C’était assez extraordinaire puisque c’était exactement l’objectif de cet atelier. Nous avons pu ainsi dégager des pistes de solutions et des stratégies à long terme. Et ceci à travers les innombrables coupures de courant qui rendaient la salle de réunion un véritable four.

Nous avons terminé le tout à 16 h, tout le monde semblait enchanté de l’organisation et de l’animation. Des fleurs quoi ! La présidente rayonnait et Laetitia et moi étions surtout crevées et vidées de toute énergie. Contente également car la mission était accomplie. Il nous faudra quelques jours pour ventiler toutes ces informations !

Quelques unes des participantes


Laetitia au tableau
Sourire de la présidente après l'atelier
Visite de Bobo

Pierre est venu me rejoindre le samedi soir et nous en avons profité, dimanche, pour visiter la ville, son marché public et sa vieille mosquée. Nous en avons également profité pour visiter des collègues VSO, tels que Gabriel, France, Rachid, Tania, Rahamata et Minemba. Agréables moments. Nous avons pu constater que la poussière était moins présente que dans la capitale, les nuits légèrement plus fraîches, et, surtout, une présence de verdure qui nous manque tellement dans notre quartier. Une certaine douceur de vivre quoi…

Nous sommes revenus cet après-midi de notre périple et avons appris que la saison des sucres commençait chez nous. Incroyable, quand même, le temps si doux au Québec ! Bonne saison les amis ! Et les Olympiques sont terminées avec 14 médailles d’or pour le Canada. On a loupé bien des choses, en plus de la fête dOtman et de Vicki. Alors Joyeux anniversaire à vous deux !