C’est bien beau les ateliers de réflexion et les consultations participatives. Mais que faire de toutes ces données ? Les compiler dans des tableaux, analyser les résultats et rédiger des rapports. C’est en gros ce à quoi nous nous sommes consacrées, Laetitia et moi. Un travail de fourmi. Et toujours à travers les coupures de courant. Nous nous sommes même amusés, entre voisins, à deviner à quelle heure aurait lieu la coupure. Une fois seulement j’ai deviné juste. Une journée, la coupure a duré 5h30. De quoi se décourager et rentrer à la maison. Mais, pour faire quoi, sachant qu’à la maison également, il y la même coupure. J’ai beau avoir une autonomie de 2h sur mon ordinateur portable, après ce temps, tout se ferme. Et, évidemment, pas moyen d’envoyer de courriels. Pourtant, il était important d’assurer un suivi de nos ateliers et de remercier nos participantes.
Heureusement que nous avons de bons collègues. Et l’heure du repas nous réunit à tous les midis autour de la grande table de la salle commune. Nous partageons ce que nous apportons et avons toujours des conversations intéressantes avec M. Sanou, Hamadou, Ouomou, M. Kindo. On discute surtout des problèmes reliés à l’agriculture, à la dégradation de l’environnement, à l’absence de démocratie, bref tout ce qui est relié au développement. Le pays a tellement de problèmes que je suis toujours gênée de parler de ma contrée si riche et si bien pourvue en services. On me pose souvent des questions et j’essaie de minimiser nos richesses pour ne pas les décourager encore plus.
Vendredi, j’ai eu un entretien avec le coordonnateur de VSO pour discuter de ma démobilisation. Et oui, mon mandat touche à sa fin et le boulot est loin d’être terminé. Je devrai laisser la place à la relève. Justement, j’ai rédigé mon rapport d’activités en fin de semaine et recommandé qu’un poste de volontaire à long terme (2 ans) soit attribué à l’UFROAT pour appuyer le plan d’action que nous avons élaboré.
Fin de semaine culturelle
Vendredi soir, comme d’habitude, nous avons mangé avec des collègues au Centre Culturel Français en écoutant Naky ZERBO et son groupe. Cette chanteuse a une voix puissante et elle est toute petite. Par la suite, nous sommes allés voir un spectacle de danse très intéressant SIRAKAN, MOUSSO, LACRIMA) avec un groupe de danseurs composé de sept femmes et deux hommes, tous très énergiques. Et sur une musique envoûtante. Dans la salle de concert en plein air. Nous avons beaucoup aimé. Nous sommes revenus en vélo. Là, je ne me sentais pas très en sécurité malgré nos lumières respectives. Même à 11h du soir, il y a un trafic fou de motos. Mais nous sommes arrivés sains et saufs à la maison en 40 minutes.
Samedi soir, nous avons récidivé en allant voir une pièce de théâtre « Le gombo noir » (qui signifie pot de vin) dans un petit théâtre en plein air et en pleine coupure de courant (eh oui, encore une fois). Heureusement, il y avait une génératrice pour l’essentiel. On s’est bien amusés tout au long de cette comédie noire sur la corruption. La salle était remplie à craquer. Et juste avant la pièce, on s’est régalés de poisson braisé savoureux concocté par une Camerounaise très avenante. C’était juste en face, au stade municipal, une série de tables en plein air qui s’installent comme ça tous les soirs. Ce qu’on appelait, en Asie, des marchés de nuit. Le retour en vélo a été moins éprouvant que la veille. Je m’y habitue.
Et hier, c’était l’arrivée du printemps, ce qui ne veut rien dire ici mais chez nous, ça signifie la fête de Thomas. Trois ans. Bonne fête Thomas. On t’embrasse bien fort.